VIème dimanche dans l’année

Date de publication :11 février 2021
By secretaire

Cathédrale – 14 février 2021

Notre Evêque nous parle

Le 14 février, les amoureux du monde entier sont heureux de célébrer leur union. Tous mes vœux à celles et ceux qui font mémoire de saint Valentin.

Le 14 février, l’Eglise latine fête saint Cyrille, mort à Rome en 869, et saint Méthode, mort en Moravie en 895, qui ont évangélisé une partie du monde slave. Méthode et Constantin, fils d’un haut fonctionnaire de Byzance en poste à Thessalonique, sont nés vers 825. Après avoir étudié à Constantinople, capitale de l’empire romain d’Orient, ils ont été envoyés par le patriarche Photius en Moravie. Ils y ont traduit la Bible et y ont célébré la liturgie en slavon. Leur succès apostolique est reconnu par tous. Des missionnaires latins les dénoncent à Rome pour l’exercice indu du ministère. En effet, ils étaient envoyés par le patriarche de Constantinople, de l’Eglise byzantine. Les latins ne supportent pas que des Byzantins entrent en Moravie. Méthode et Constantin vont à Rome pour exposer la situation au pape Adrien II. Ils sont disculpés. Ils avaient emporté avec eux les reliques du pape Clément. Troisième successeur de l’apôtre Pierre à Rome, Clément a été exilé en Crimée. Il poursuit son œuvre d’évangélisation des prisonniers. Il est condamné à périr noyé. Il est jeté dans la Mer Noire en 98 ou 99. Ses reliques ont été découvertes par les deux frères Méthode et Constantin. Aussi les deux frères sont-ils accueillis avec honneur à Rome. Constantin y fait profession monastique sous le nom de Cyrille et meurt le 14 février 869. Le pape ordonne Méthode évêque et le nomme archevêque de Sirmium (aujourd’hui en Serbie). Il devient légat pour tous les pays slaves. Il meurt à Velehrad (aujourd’hui en Tchéquie) le 6 avril 885. En 1980, le pape saint Jean-Paul II les déclare patrons de l’Europe. Nous prions Cyrille et Méthode d’intercéder pour nous afin que l’Europe puisse trouver sa place dans le monde qui vient.

Le 14 février 2021, nous célébrons le VIème dimanche dans l’année, quelques jours avant le début du Carême. Nous continuons la lecture d l’évangile de Marc. Après la journée à Capharnaüm et la prière quand il fait encore nuit dans un endroit désert, Jésus annonce à Pierre qu’il doit aller ailleurs pour annoncer l’Evangile. Dans cette marche vers les autres villages, Jésus est accosté par un lépreux qui le supplie et qui tombe à genoux devant lui. Il lui dit : Si tu le veux, tu peux me purifier. Jésus réagit avec émotion : Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : Je le veux, sois purifié. Jésus touche le lépreux. D’après la Loi, Jésus devient impur en posant ce geste. On ne touche pas un lépreux. Le lépreux n’est pas seulement purifié ; il est guéri. A l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. La purification est donc ici davantage qu’une guérison de la lèpre. Le texte proclamé à la liturgie dit : Avec fermeté. Le texte grec dit : L’ayant rabroué, Jésus le chassa aussitôt. Que s’est-il passé pour que Jésus réagisse de nouveau avec émotion : rabrouer, chasser ?  Jésus dit : Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. Jésus demande au lépreux guéri d’aller d’abord se présenter à celui qui a autorité pour déclarer qu’il est guéri et qu’il est réintégré dans la vie sociale et religieuse. Ensuite, le lépreux guéri pourra parler de sa guérison, de sa purification.

Que fait ce lépreux guéri ? Il ne va pas auprès d’un prêtre pour constater la guérison. Il se met à proclamer et à répandre la nouvelle. Résultat : Jésus doit se cacher dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

De nouveau, Jésus ne veut pas apparaître comme le thaumaturge d’un village, d’une région. Il veut proclamer l’Evangile. Mais cette proclamation consiste, jusqu’à présent, en un enseignement, en exorcismes et, ici, en la purification d’un lépreux.

Jusqu’à présent, ce sont les esprits impurs, les démons qui ont contesté Jésus. Maintenant, ce seront des êtres humains, les scribes et les pharisiens, qui vont contester l’enseignement, l’activité de Jésus. L’annonce de l’Evangile va être contrecarrée par des personnes qui connaissent bien la Loi de Moïse.

Ce passage de l’Evangile est éclairé par la première lecture tirée du livre des Lévites, qui donne la procédure à suivre quand on constate que quelqu’un est atteint de la lèpre.

Dans la deuxième lecture, tirée de la première lettre aux Corinthiens, l’apôtre demande de ne pas devenir un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Eglise de Dieu. Il se présente comme un exemple : Paul tâche de s’adapter à tout le monde, sans chercher son intérêt personnel. Il est là pour que la multitude des hommes soit sauvée. Et Paul de conclure : imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ.

La purification du lépreux dans l’évangile de Marc est relatée dans des écrits appelés « apocryphes chrétiens », des textes qui ont été rédigés durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, et qui n’ont pas été retenus pour figurer dans le Nouveau Testament, le Canon des Ecritures.

Deux retiennent notre attention.

Le premier est constitué d’une petite centaine de lignes de grec, qui se lisent dans deux lots inégaux. Le premier lot est au British Museum à Londres ; le second lot est à Cologne. L’ensemble, reconnu en 1987, viendrait d’Egypte. Ce sont des restes d’un Evangile apocryphe non attesté ailleurs, désigné, pour le moment, comme Papyrus Egerton 2. La datation serait des années 100 aux années 200. Voici un extrait : Et voici qu’un lépreux s’avança vers lui (Jésus) et dit : Maître Jésus, à force de cheminer avec des lépreux et de manger avec eux à l’auberge, j’ai contracté la lèpre moi aussi. Cependant, si tu le veux, je peux être purifié. Le Seigneur lui dit alors : Je le veux, sois purifié. Et aussitôt la lèpre le quitta. Jésus lui dit : Va, montre-toi aux prêtres, fais l’offrande pour la purification comme l’a prescrit Moïse et ne pèche plus.    

Le second apocryphe est un texte grec rédigé dans les années 320-380, appelé Evangile de Nicodème ou Actes de Pilate, qui fait le récit de la passion et de la résurrection de Jésus. Durant le procès de Jésus présidé par Pilate, Nicodème plaide en faveur de Jésus. Des témoins prennent la parole pour défendre Jésus. Voici un extrait du récit : Un autre à son tour se tint au milieu d’eux et dit : moi, j’étais aveugle de naissance, et comme Jésus passait sur le chemin, j’ai crié dans sa direction en disant : Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David. Et il prit de la boue, m’en enduisit les yeux et aussitôt je recouvrai la vue. Un autre dit : J’étais bossu, et l’ayant vu j’ai crié : Aie pitié de moi, Seigneur. Il me prit la main et aussitôt je me redressai. Un autre dit : J’étais lépreux et il m’a soigné à l’aide de sa parole seulement.

A partir de ces deux textes, nous pouvons percevoir comment, à 200 ans de distance, le récit dans l’évangile de Marc est amplifié. Le Papyrus Egerton 2 justifie le fait d’avoir contracté la lèpre. L’Evangile de Nicodème introduit le lépreux guéri au prétoire de Pilate comme témoin en faveur de Jésus.

+ Guy Harpigny,

Evêque de Tournai