IIIème dimanche de Carême

Date de publication :04 mars 2021
By secretaire

Cathédrale – 7 mars 2021

Notre Evêque nous parle

Après l’alliance avec Noé (Ier dimanche de Carême) et avec Abraham (IIème dimanche de Carême), le IIIème dimanche de Carême de l’année B présente l’alliance avec Moïse.

Le livre de l’Exode parle longuement de Moïse. Pour l’intégrer dans la longue histoire de l’Ancien testament, nous partons du livre de la Genèse. Abraham, engendre Isaac ; Isaac engendre Jacob. Celui-ci a deux épouses, qui ont chacune une servante ; toutes engendrent des fils. Léa engendre Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issakar et Zabulon. Rachel engendre Joseph et Benjamin. Bilha, servante de Rachel, engendre Dan et Nephtali. Zilpa, servante de Léa, engendre Gad et Asher.

Joseph, fils de Rachel, est le préféré de son père Jacob. Cela suscite la jalousie des autres fils. Lors d’une visite de Joseph à ses frères qui paissent les troupeaux, ceux-ci le jettent dans une fosse. Des marchands madianites le hissent hors de la fosse et le vendent pour vingt sicles d’argent à des Ismaélites, qui le mènent en Egypte. Les tribulations de Joseph en Egypte prennent une bonne part du livre de la Genèse. Finalement, Joseph est choisi par le Pharaon pour devenir une sorte de premier-ministre. A ce moment-là survient une famine dans la région où vivent Jacob et ses fils. Une délégation est envoyée en Egypte pour acheter de la nourriture. Les frères de Joseph ne reconnaissent pas leur frère, qui, comme premier-ministre, gère la distribution de nourriture. Joseph exige que la délégation revienne avec leur plus jeune frère, Benjamin. Quand ils reviennent avec leur plus jeune frère, Joseph se fait reconnaître. Finalement, Jacob et toute la famille partent pour l’Egypte, où ils s’installent de manière durable. Jacob revoit son fils Joseph, avant de mourir. Joseph meurt également. Les Hébreux, les descendants de Jacob, croissent et se multiplient en Egypte.

Le livre de l’Exode fait le récit de la naissance de Moïse. En effet, bien des années après la mort de Joseph, un nouveau Pharaon monte sur le trône. Il n’a pas connu Joseph. Il constate que les Hébreux sont trop nombreux et il en fait des esclaves pour construire des villes pour les Egyptiens. Il ordonne aussi aux sages-femmes des Hébreux de jeter les garçons nouveau-nés dans le Nil et de garder vivantes les filles nouveau-nées. Les sages-femmes n’obéissent pas.

Dans la descendance de Lévi, un des douze fils de Jacob, Amram épouse Yokébed. Ils engendrent Aaron et Miryam. Yokébed donne naissance à un autre fils et le cache pendant trois mois. Ensuite, elle le dépose dans une caisse en papyrus au milieu des joncs le long du Nil. La fille de Pharaon trouve l’enfant et décide de le prendre en charge. Miryam propose à la fille de Pharaon une nourrice, qui n’est autre que la mère de l’enfant. La fille de Pharaon donne à l’enfant le nom de Moïse, car, dit-elle, je l’ai tiré des eaux. La fille de Pharaon sait très bien que Moïse est un fils d’Hébreu.

Eduqué à la cour du Pharaon, Moïse devient adulte. Un jour qu’il est témoin d’une rixe entre un Egyptien et un Hébreu, il tue l’Egyptien et le cache dans le sable. Le lendemain, il est témoin d’une rixe entre deux Hébreux. Il veut intervenir, mais l’un des deux lui dit : Penses-tu me tuer comme tu as tué l’Egyptien ? Moïse prend peur et redoute que le Pharaon n’intervienne pour le mettre à mort.

Il s’enfuit au désert de Madiân, une région au nord-est du Sinaï. Aujourd’hui, nous dirions près de la ville d’Aqaba, le long de la Mer Rouge. Il s’assied près d’un puits, où les sept filles du prêtre de Madiân viennent abreuver le troupeau de leur père. Des bergers veulent chasser les filles du puits. Moïse intervient et chasse les bergers. Les sept filles font le récit de l’intervention de Moïse : Un Egyptien nous a délivrées de la main des bergers. Le prêtre, appelé Réouël, fait venir Moïse chez lui. Moïse épouse un de ses filles, Cippora, qui enfante Guershom, Emigré-là.

Le Pharaon meurt. Les Hébreux font entendre leurs cris à Dieu. Leur servitude est atroce. Dieu entend le cri des Hébreux.

Le livre de l’Exode parle ensuite de Moïse, qui fait paître le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiân, non loin de la montagne de l’Horeb. C’est ici que l’ange du Seigneur apparaît dans une flamme de feu, qui sort du milieu d’un buisson. Moïse va voir et reçoit sa vocation : Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Dieu demande à Moïse d’aller trouver le Pharaon pour faire sortir les Hébreux d’Egypte.

Moïse va s’acquitter de sa mission avec son frère Aaron. Pharaon va refuser de laisser partir les Hébreux, jusqu’au jour où Dieu fait mourir tous les premiers-nés de l’Egypte. Les Hébreux partent au désert près de la Mer des Joncs, la Mer Rouge. Pharaon revient sur sa décision et envoie son armée poursuivre les Hébreux afin de les faire revenir en Egypte. Les Hébreux passent la Mer des Joncs à pied sec. Les troupes de Pharaon les suivent dans la Mer des Joncs, qui se referme sur elles. Moïse conduit les Hébreux dans le désert, et non pas le long de la Mer Méditerranée pour arriver au Jourdain au nord du désert du Sinaï. Dieu désaltère les Hébreux ; il leur donne la manne le matin et des cailles le soir pour se nourrir.

Le troisième mois après la sortie d’Egypte, les Hébreux campent au Sinaï. Moïse gravit la montagne pour rencontrer Dieu. C’est là que Dieu fait alliance avec son peuple.

Dieu rappelle qu’il a fait sortir son peuple de l’esclavage en Egypte.

Il donne les paroles de l’alliance, ce que nous appelons les dix commandements.

Au terme de longues explications de ces paroles, le peuple conduit par Moïse répond : Toutes les paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique.

Un cri adressé à Dieu 
La vocation de Moïse 
La délivrance d’Egypte 
Le passage à travers la Mer des Joncs 
L’engloutissement des troupes du Pharaon 
La traversée des Hébreux du désert, nourris et désaltérés par Dieu
L’alliance de Dieu avec son peuple

Et, à l’intérieur de ce récit, la pâque du Seigneur : la manducation de l’agneau, qui devient un rite à appliquer d’âge en âge, en mémoire de la délivrance d’Egypte.

La tradition des Hébreux, la tradition juive ne va pas cesser de chanter cela dans les psaumes et les cantiques.

Aujourd’hui, la liturgie propose le Psaume 18

La loi du Seigneur est parfaite, 
Qui redonne vie ; 
La charte du Seigneur est sûre, 
Qui rend sages les simples. 

Les préceptes du Seigneur sont droits, 
Ils réjouissent le cœur ; 
Le commandement du Seigneur est limpide, 
Il clarifie le regard.

Le peuple d’Israël met la Loi de l’alliance en pratique, en signe de fidélité à Dieu qui sauve son peuple et qui le nourrit.

Dans la première lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul situe la parole de Dieu, les commandements de Dieu, la Loi de Dieu, par rapport à ce que pensent les hommes, à ce que les hommes considèrent comme une sagesse.

L’apôtre Paul a devant lui le Messie crucifié. C’est là que nous découvrons la parole de Dieu, la sagesse de Dieu, la puissance de Dieu.

Paul unit la pâque des Hébreux, la libération d’Egypte, l’alliance du Sinaï à la mort du Christ en Croix. Il est la pâque ; il est le signe d’une alliance nouvelle ; il est celui qui nous rend libres.

Jésus est un scandale pour les Juifs, car il ne correspond pas à ce qu’ils attendaient du Messie, un roi qui, par des signes extraordinaires, délivre du joug romain ;

Jésus est une folie pour les Grecs, qui sont des païens, parce qu’ils ne voient pas comment un condamné à mort, crucifié, pourrait devenir signe de la victoire sur le mal.

Le passage de l’évangile selon saint Jean situe l’action de Jésus à l’approche de la fête de la Pâque, dans le Temple de Jérusalem. Le lieu où nous avons l’arche d’alliance, qui rappelle le don de la Loi au Sinaï au temps de Moïse ; le lieu où on fait les sacrifices dont la signification a déjà été donnée au temps de Moïse, dans le désert ; le lieu où Dieu s’est manifesté dans une nuée au moment de la dédicace par le roi Salomon ; le lieu où les Juifs au retour de l’exil à Babylone ont écouté la proclamation de la Parole de Dieu et ont pleuré tellement ils y découvraient l’amour de Dieu pour son peuple ; le lieu où nous avons la lumière vers laquelle toutes les nations vont venir : ce lieu est devenu une maison de commerce : des marchands de bœufs, de brebis, de colombes ; des changeurs de monnaie ; des comptoirs.

Jésus chasse tout le monde avec des cordes.

Les disciples de Jésus se rappellent une phrase du Psaume 69 : L’amour de ta maison fera mon tourment.

Les Juifs présents au Temple demandent à Jésus un signe pour agir de la sorte. En effet, pour justifier un acte fort au temple, il faut au moins une intervention de Dieu.

Jésus répond : Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.

Les Juifs comprennent qu’il s’agit du bâtiment en pleine restauration.

Jésus parle du sanctuaire de son corps.

Jésus est le lieu d’où vient la Parole de Dieu : il est la Parole de Dieu.

Jésus est la pâque, le sacrifice, le don de sa vie en offrande au Père.

Jésus est la demeure de Dieu, le lieu en qui Dieu fait sa demeure.

Plus tard, les disciples se souviendront de la parole de Jésus. L’évangéliste écrit : Ils crurent à l’Ecriture et à la parole que Jésus avait dite.

Beaucoup de Juifs croient au nom de Jésus, à la vue des signes qu’il accomplit. Mais Jésus ne se fie pas à eux ; il connaît ce qu’il y a dans l’homme.

Théophile d’Antioche (IIème siècle) écrit : Moïse fut donc le ministre de cette loi divine, lui qui fut aussi le serviteur de Dieu, pour le monde entier, mais surtout pour les Hébreux, appelés également juifs ; que le roi d’Egypte avait asservis au début et qui étaient de fait la légitime descendance d’hommes saints qui honoraient Dieu : Abraham, Isaac et Jacob. Dieu s’en souvint et accomplit des prodiges saisissants et merveilleux par l’intermédiaire de Moïse, les délivra, les fit sortir d’Egypte, en les conduisant par ce que l’on appelle le désert. Il les rétablit dans la terre de Canaan, nommée ensuite Judée, leur offrit une loi et leur donna cet enseignement. Cette loi grande et admirable pour toute justice, ce sont les dix chapitres dont nous avons parlé plus haut (Livres à Autolykos, III).

+ Guy Harpigny,

Evêque de Tournai