IIème dimanche de Pâques ou de la divine Miséricorde

Date de publication :09 avril 2021
By secretaire

Cathédrale – Dimanche 11 avril 2021

Notre Evêque nous parle

Le dimanche de la Résurrection ouvre une période de cinquante jours, appelée originellement Pentecôte, puis temps pascal, quand le terme de Pentecôte a été réservé au cinquantième jour.

Le dimanche est à la fois le premier et le huitième jour ; le « grand dimanche » s’ouvre avec le jour de la Résurrection et se développe sur huit dimanches. Nous avons une « octave de dimanches » et une « semaine de semaines ».

Avec le temps, la liturgie s’est conformée à la chronologie du livre des Actes des Apôtres : résurrection du Seigneur, ascension du Seigneur, envoi de l’Esprit sur les Apôtres à la Pentecôte.

Le dimanche de la Résurrection, qui est le troisième jour du Triduum pascal et, en même temps, le premier jour de l’octave baptismale, s’achève sur un dimanche de clôture de la Cinquantaine.

L’octave pascale, la semaine in albis comme on l’appelle à Rome, la semaine en vêtements blancs des néophytes, est née au IVème siècle. C’est le temps de la catéchèse mystagogique pour les nouveaux baptisés. Les homélies sont destinées aux néophytes et d’autres homélies sont destinées au peuple, ceux qui sont baptisés depuis plusieurs années. En certains endroits, on avait même deux eucharisties distinctes chaque jour de l’octave pascale : une pour les néophytes et une pour les baptisés depuis plusieurs années, avec, chaque fois, une homélie différente.

Après le dimanche de la Résurrection, le jour le plus solennel de l’octave pascale est le huitième jour, le dimanche de sa clôture. Ce jour-là, les néophytes déposent le vêtement blanc et prennent place parmi le peuple.

Les homélies de ce dimanche disent le mystère du huitième jour, qui est une anticipation de la vie éternelle, et ces mêmes homélies donnent les derniers conseils pour vivre « en tant que chrétiens » dans la société actuelle.

Vatican II (1962-1965)

Le concile Vatican II insiste sur l’unité de la Cinquantaine pascale. Le dimanche de la Pentecôte est le dernier jour du temps pascal. Chaque dimanche est un « dimanche de Pâques » et non pas un dimanche « après Pâques ». L’Ascension n’est plus une coupure dans le temps pascal ; les rogations, comme démarche pénitentielle, sont fixées à une autre période de l’année.

Les vêtements liturgiques sont blancs comme ceux des anges du matin de Pâques et de l’Ascension. L’Alléluia est le chant des rachetés dans le sang de l’Agneau. Le cierge pascal, symbole du Christ ressuscité, répand sur les humains sa lumière et sa paix. La prière en assemblée se fait « debout ».

Les textes bibliques de la liturgie de la Parole sont, la plupart du temps, tirés des Actes et des Apôtres et de l’Evangile selon saint Jean.

Les Actes des Apôtres continuent l’histoire du salut, en racontant les origines du nouveau peuple de Dieu, sous l’influx du Ressuscité.

L’Evangile selon saint Jean, commencé la quatrième semaine de Carême, se poursuit durant le temps pascal.

La deuxième lecture des dimanches de Pâques est tirée de la Première Lettre de saint Pierre (année A), de la Première Lettre de saint Jean (année B) et de l’Apocalypse (année C).

Les cinq préfaces sont propres au temps pascal.

Jean-Paul II (1978-2005)

Le pape saint Jean-Paul II est fort influencé par le témoignage de Soeur Faustine Kowalska (1905-1938), qui a fait l’expérience d’apparitions du Christ. Dans ses écrits, Sœur Faustine évoque la demande du Christ de célébrer une neuvaine de la Miséricorde qui commence le vendredi-saint et qui se clôture le deuxième dimanche de Pâques. La fête de la Divine Miséricorde est instituée dans le diocèse de Cracovie en 1985. Le pape saint Jean-Paul II étend cette fête à tous les diocèses de Pologne en 1995, et ensuite à toute l’Eglise catholique à l’occasion du Jubilé de l’an 2000.

Pape François

A l’occasion du cinquantième anniversaire de la clôture du concile Vatican II, le pape François institue une année sainte de la Miséricorde (2015-2016) et il institue des missionnaires de la Miséricorde, qu’il rencontre le dimanche de la divine Miséricorde chaque année, avant que la pandémie ne l’en empêche.

Liturgie de la Parole du IIème dimanche de Pâques 2021

L’Evangile selon saint Jean évoque le soir du premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs. Jésus vient et il est là au milieu d’eux. Il leur donne la paix. Il montre ses mains et son côté. C’est de cette manière qu’il se fait reconnaître. Les disciples sont remplis de joie. Le témoignage de Marie-Madeleine était donc bien vrai. Jésus est vivant. Jésus donne de nouveau la paix. Et il donne une mission à ses disciples, qui est la même que la sienne : De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Il souffle sur eux l’Esprit Saint, pour remettre les péchés.

Thomas n’était pas présent le premier jour de la semaine, quand Jésus était venu. Les disciples lui disent : Nous avons vu le Seigneur. Thomas veut une preuve tangible : la marque des clous dans les mains de Jésus, la trace du coup de lance dans le côté de Jésus.

Huit jours plus tard, tous les disciples sont réunis, y compris avec Thomas. Jésus vient, alors que les portes sont verrouillées. Il donne la paix. Il s’adresse à Thomas : il lui montre ses plaies et lui dit : Cesse d’être incrédule, sois croyant. Thomas proclame sa foi. Jésus ajoute : Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans voir vu.

La foi au Christ ressuscité est d’un autre ordre qu’une constatation. Ici les traces des clous et du coup de lance. Ailleurs, un tombeau vide, avec des linges et un suaire.

L’évangéliste parle alors de signes que Jésus a faits en présence des disciples, et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Tout ce qui a été écrit l’a été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Les Actes des Apôtres évoquent la première communauté des baptisés de Jérusalem : un seul cœur, une seule âme ; personne ne dit que ses biens lui appartiennent en propre ; ils ont tout en commun. Les Apôtres rendent témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, avec grande puissance ; une grâce abondante repose sur eux tous. C’est le commencement d’un partage des biens qui sont distribués en fonction des besoins de chacun.

Le Psaume 117, souvent cantilé durant le temps pascal, donne une interprétation de la mort de Jésus : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !

La deuxième lecture est tirée de la Première Lettre de saint Jean. On y parle de la naissance des baptisés : Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Nous retrouvons ici le commandement fondamental : aimer Dieu ; aimer le prochain. En accomplissant ces commandements, en croyant au Fils de Dieu, nous sommes vainqueurs du monde. Jésus Christ est venu par l’eau et par le sang : Jésus a été baptisé par Jean le Baptiste ; Jésus a reçu le baptême sur la croix, d’où l’évocation du sang. Il n’y a pas de césure entre le Christ, être de chair, et le Christ, mort et ressuscité. Le témoignage de l’Esprit, de l’Esprit Saint, nous fait entrer dans la foi au Christ, Fils de Dieu, engendré par le Père, vainqueur du monde.

Le deuxième dimanche de Pâques, les nouveaux baptisés, les néophytes prennent de nouveau conscience qu’ils sont nés à une vie nouvelle, qui est celle du Fils de Dieu, qui, par son mystère pascal, nous introduit dans la vie même de Dieu comme Père. Par conséquent, tous, nous sommes enfants d’un même Père. L’écoute de la Parole de Dieu et sa mise en pratique ; le partage des biens pour qu’aucun ne soit dans le besoin ; le témoignage dans la société, sans se laisser prendre par ses convoitises ; tous ces aspects nous sont révélés par le Ressuscité, qui nous introduit, déjà aujourd’hui, dans le huitième jour, la création nouvelle, la vie éternelle.

Irénée de Lyon (vers 130 – vers 202) écrit : « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu », car il ne connaît qu’un seul et même Jésus Christ, pour qui se sont ouvertes les portes du ciel à cause de son ascension dans sa chair et qui, dans cette même chair en laquelle il a souffert, viendra pour nous révéler la gloire du Père.

+ Guy Harpigny,

Evêque de Tournai